La boulimie est un trouble du comportement alimentaire qui touche 220 000 personnes en France. Une personne boulimique ingère de grandes quantités de nourriture lors de crises, et juste après, pour soulager le malaise qu’elle ressent, use de comportements compensatoires. Zoom sur ce trouble.
La boulimie est un trouble du comportement alimentaire (TCA), se manifestant sous forme de pulsions appelées également crises lors desquelles une personne boulimique ingère une quantité excessive de nourriture pour compenser un manque.
Ce trouble s’installe de manière insidieuse, souvent à l’adolescence, si bien que ce comportement n’est pas toujours diagnostiqué, ou alors longtemps après. Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), la boulimie touche environ 1,5 % des 11–20 ans et concerne environ trois jeunes filles pour un garçon. En France, 900 000 personnes présenteraient des troubles des conduites alimentaires (TCA) et 220 000 personnes souffriraient de boulimie. Les crises peuvent se dérouler en journée, le soir ou même la nuit. Des études ont d’ailleurs montré que les hormones de la faim (la leptine, la ghréline et l’insuline) sont plus actives dans la soirée.
La boulimie hyperphagique est à distinguer de la boulimie. Cette dernière, au-delà de la grande quantité de nourriture ingérée en peu de temps lors de crise, implique chez la personne boulimique une préoccupation de son aspect physique et donc de son poids. Les crises sont ainsi suivies de comportements compensatoires comme les vomissements ou le jeûne. Selon l’Assurance Maladie, la boulimie peut être définie comme telle si les crises de boulimie surviennent au moins une fois par semaine depuis 3 mois. Il s’agit d’une addiction. En effet, la nourriture agit comme une drogue et provoque des états de dépendance.
La boulimie est donc caractérisée par deux phases : les crises (perte de contrôle) sont vécues en alternance avec des épisodes de restriction (reprise de contrôle).
La boulimie implique un schéma répétitif :
Trois facteurs sont à l’origine de la boulimie : la faible estime de soi liée au corps, les exigences élevées vis-à-vis de l’apparence, mais également les problèmes interpersonnels (soucis familiaux, harcèlement à l’école…). La personne boulimique s’imagine que le poids est à l’origine de ces souffrances, et ce mal-être se traduit par un besoin de contrôle sur la nourriture. S’alimenter est vital. À force de se priver, survient donc le besoin de manger compulsivement.
Par ailleurs, les régimes restrictifs à l’adolescence, dus à la faible estime de soi ou sur conseil de l’entourage, ont un impact sur la relation au corps et risquent de développer des troubles de conduite alimentaire.
La boulimie a des répercussions sur la santé et sur le plan physique : troubles du rythme cardiaque, détérioration de l’émail des dents, dérèglement des cycles menstruels, inflammations de l’œsophage (dues aux vomissements), prise ou perte de poids… La boulimie a aussi un impact sur le plan psychologique : stress, trouble de l’humeur, irritabilité, dépression… Ce trouble impacte aussi les relations sociales, la personne boulimique s’isole petit à petit de son entourage en fuyant les repas ou sorties conviviales.
Les crises deviennent des rituels enfermant la personne boulimique dans un cercle vicieux, dont il est impossible de s’extraire seul.
Les traitements thérapeutiques sont à privilégier pour soigner la boulimie.
À l’adolescence, la thérapie familiale est indiquée pour traiter ce trouble du comportement alimentaire. Toute la famille y participe. Cette technique permet d’accompagner l’adolescent, mais aussi d’aider les parents à mieux comprendre la souffrance de leur enfant.
Ce traitement vient en complément d’une psychothérapie*. Cette thérapie permet avant tout au patient de réapprendre à manger et de modifier le rapport qu’il a avec la nourriture. La personne boulimique devra apprendre à nouveau à manger à chaque repas, assis à table, dans des quantités suffisantes. Cette thérapie vise aussi à faire perdre l’habitude des comportements compensatoires.
Cette technique a pour but d’aider le patient à modifier sur le long terme son comportement alimentaire. Le psychologue aide le patient à reprendre conscience de son corps, comprendre le rôle de l’alimentation, rééduquer le comportement face à la nourriture, mais aussi comprendre l’origine de ce trouble.
La thérapie interpersonnelle est une forme de psychothérapie. Elle se déroule sur quelques séances et permet habituellement de soigner la dépression. Elle consiste ici à soigner la souffrance à l’origine de la boulimie.
Certains gestes peuvent également être mis en œuvre au quotidien afin de mieux gérer ce trouble alimentaire. Il est important de partager ses repas avec d’autres personnes, afin de retrouver la convivialité et le plaisir de manger. La pratique de la pleine conscience peut également être utilisée. Il s’agit de se concentrer sur soi-même pour écouter davantage ses besoins. Manger en pleine conscience signifie manger lorsque l’on a faim, tous types d’aliment en petite quantité, lentement, et s’exercer à profiter de toutes les saveurs. Il s’agit de faire du repas un moment pour soi, agréable.
Avec du temps et de l’aide, il est possible de guérir de la boulimie. On estime que deux boulimiques sur trois parviennent à se soigner.
*Une thérapie permet de soigner et existe dans tous les domaines. Une psychothérapie est un traitement par des moyens psychologiques.
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