La violence conjugale c’est quoi?
Tout d‘abord il faut distinguer deux situations :
Le « conflit conjugal » de la « violence conjugale » :
Le conflit implique une interaction, un débat. Il est à même d’entraîner une négociation et de faire évoluer les points de vue.
La violence conjugale : elle est un processus de domination au cours duquel l’un des deux conjoints (homme ou femme) installe et exerce une emprise sur l’autre en usant de : «… tromperie, de séduction, de menaces, de contraintes ou de tout autre moyen à l’encontre du partenaire et ayant pour but et pour effet ou de chercher à l’intimider, de la punir, ou de l’humilier, ou en la/le maintenant dans des rôles stéréotypés liés à son sexe, Ou encore en lui refusant sa dignité humaine, son autonomie sexuelle, son intégrité physique, mentale et morale, ou en ébranlant sa sécurité personnelle, son amour-propre, sa personnalité, ou de diminuer ses capacités physiques ou intellectuelles. »
Si beaucoup de femmes sont victimes de violences conjugales, il faut aussi reconnaître celle subie par les hommes et dont on parle moins. Cet article s‘adressera donc aux deux sexes car la violence entraine d‘importantes souffrances dans les deux cas.
Les différents types d‘agressions :
La violence psychologique :
C’est faire preuve de maltraitance sans faire usage directement d’une violence physique.
Cela se manifeste souvent par les comportements suivants :
- Des insultes répétitives
- Vous embarrasser publiquement
- Critiquer votre apparence physique, tenter de contrôler votre façon de vous habiller…
- Se moquer de vos passions, tout ce que vous mettre en œuvre
- Vous menacer ou vous faire culpabiliser
La violence verbale :
Elle se manifeste par des cris et des hurlements ou inversement un silence pesant ou des chuchotements inaudibles.
Il est aussi courant que le conjoint violent use d’insultes, grossièretés, obscénités et d’injures sexuelles.
Ces deux formes de violence psychologique et verbale permettent à l’agresseur(e), sans porter aucun coup, d’atteindre le but recherché : créer une tension insupportable pour le/la conjoint(e) et maintenir ainsi un climat de peur et d’insécurité.
La violence physique :
C’est le plus souvent une atteinte à l’intégrité corporelle d’un individu. La violence physique au sein d’un couple peut prendre différentes formes. Cela va de cracher au visage, frapper, bousculer, pousser jusqu’à causer des blessures (morsures, entailles, lacérations, coupures, fractures, brûlures…)
D’autres formes de violences physiques existent, la violence physique contre ou avec des objets. On considère par exemple que détruire la vaisselle et le mobilier ou déchirer les papiers personnels, les vêtements…c’est également faire preuve de violence.
Priver de l’usage du téléphone, de nourriture, de traitement médical, mais aussi confisquer des objets notamment les clés ou les papiers.
Séquestrer l’autre pour mieux le contrôler fait partie des violences physiques dans un couple.
La violence économique :
Elle vise à priver de ressources et ainsi créer une dépendance financière par rapport au conjoint violent.
Plusieurs cas de figure se présentent :
Quand la/le conjoint(e) n’est pas salarié(e) :
- Ne plus donner « l’argent du ménage ».
- Exiger des comptes au centime près pour le moindre achat.
- Refuser toute dépense pour l’entretien personnel de la victime.
Quand le/la conjoint(e) est autonome financièrement :
- Lui interdire d’exercer un emploi salarié.
- L’obliger à changer de profession.
- Faire porter sur son salaire toutes les dépenses incompressibles du ménage.
- Ne plus participer personnellement aux charges du ménage (frais liés à l’éducation des enfants, frais de logement : emprunts, loyers, crédits, frais médicaux).
- Détourner son salaire
La violence sexuelle :
La violence sexuelle au sein du couple peut prendre différentes formes, souvent invisibles mais profondément destructrices.
Elle consiste, par exemple, à faire subir des sévices sexuels, comme des coups ou blessures sur les parties génitales, ou des viols.
Toute relation sexuelle non consentie doit être reconnue comme un viol conjugal.
Mais la violence ne se limite pas à l’acte lui-même.
Imposer la pornographie, forcer un·e partenaire à poser pour des photos ou vidéos intimes, fait également partie de la violence sexuelle.
De plus, contraindre une personne à adopter certaines positions, à avoir des relations sexuelles en présence de témoins, ou à intégrer d’autres partenaires relève aussi de violences sexuelles.
Il est crucial de comprendre ceci :
L’absence de blessures physiques ne signifie pas qu’il n’y a pas de violence. Le traumatisme peut être psychologique, émotionnel, invisible… mais tout aussi grave.
Quels sont les cycles de la violence:
La violence s’installe progressivement dans le couple. Son évolution suit une courbe croissante qui va de la moindre à la plus grande dangerosité.
1. Agressions psychologiques
2. Installation de la violence verbale
3. Agressions physiques
4. Homicide.
Cette évolution peut se développer sur de très longues périodes. Il peut y avoir violence psychologique et verbale pendant des années avant la première agression physique.
Dans la majorité des cas, le comportement du/de la conjoint(e) violent(e) est de plus en plus dangereux et s’aggrave avec le temps.
Dans une relation conjugale marquée par la violence, le cycle de violences se répète plus ou moins régulièrement et s’accélère avec le temps. En voici le processus,
Le cycle des violences s’organise en quatre phases :
1. TENSION ou ESCALADE
Mise en place du système d’emprise. L’agresseur(e) exerce des pressions psychologiques, contrôle, isole la victime. La victime se sent inquiète, tente d’améliorer le climat, fait attention à ses propres gestes et paroles.
2. AGRESSION ou EXPLOSION
Épisode de violences (quelle que soit la forme). L’agresseur(e) donne l’impression de perdre le contrôle de lui/elle-même mais prend en fait le contrôle de la situation. La victime ne comprend pas et tente de calmer la situation.
3. DENI, TRANSFERT DES RESPONSABILITES
Minimisation de la violence. L’agresseur(e) reporte la responsabilité des violences sur sa/son partenaire. La victime se sent responsable de la situation.
4. RÉMISSION, SURSIS AMOUREUX ou LA LUNE DE MIEL
C’est un moyen fréquemment utilisé par l’auteur(e) pour reconquérir la victime. À ce stade, l’agresseur(e) promet un changement. En réponse, la victime lui accorde une nouvelle chance, lui apporte son aide, constate ses efforts et, parfois, modifie même ses propres habitudes.
Cependant, il ne s’agit que du calme avant la récidive. L’agresseur(e) réalise rapidement qu’aucune conséquence réellement dommageable n’a découlé de ses actes violents.
Dès lors, il ou elle teste les limites de son impunité. Progressivement, le climat de domination se réinstalle. Puis, les violences psychologiques et verbales reprennent, et finalement, le cycle de la violence recommence.
L’ accélération des épisodes de violence laisse la victime de plus en plus épuisée.
Dans la confusion quant à l’analyse de sa situation et des responsabilités, dans le doute sur ses capacités à s’en sortir. Il faudra un événement déclencheur pour que la victime comprenne que son conjoint cherche à la détruire et que sa vie (et celle de ses enfants éventuellement) est en danger.
Schéma du cycle de la violence : (d’après Leonore Walker).
Ressentis des victimes de violences conjugales et les conséquences
Les victimes de violences vivent des situations émotives gravement perturbantes provoquant une série de répercussions :
1. Tout d’abord une perte de l’estime de soi et sentiment de honte.
2. Ensuite, des sentiments contradictoires envers l’agresseur(e) amour et agressivité (ambivalence). Espoir et attachement affectif mais terreur.
3. Par ailleurs, une forte anxiété de la rupture et du départ. Responsabilisation quant à l’échec conjugal et familial et prise en charge des enfants.
4. De plus, elle subit des pressions de l’entourage, qui peuvent accentuer la culpabilisation. Elle culpabilise à la fois de son statut de victime et de la rupture du couple. Elle reçoit parfois des reproches sur son attitude ou ses choix. Des demandes irréalistes lui sont adressées, telles que : « Tu n’as qu’à… », ou « Il faut que tu fasses ça… ».
5. À cela s’ajoutent les conséquences du départ, qu’elles soient économiques, sociales, affectives, familiales ou professionnelles.
6. Souvent, la victime se retrouve isolée, sans appuis amicaux, juridiques ou sociaux.
7. Enfin, la méconnaissance — ou la sous-information — concernant ses droits personnels et les recours existants aggrave encore la situation.
Si vous pensez être victime de violences conjugales : en prendre conscience est déjà une étape importante, vous sortez du déni.
Si vous pensez être victime de violences conjugales, en prendre conscience représente déjà une étape essentielle. Cela signifie que vous commencez à sortir du déni.
Dans un premier temps, il est crucial d’en parler à une personne de confiance. Rompre le silence est indispensable.
Faites-vous aider pour organiser votre départ, être hébergée ou vous mettre en sécurité. Même si cela paraît difficile, il est possible d’y arriver avec du soutien.
Dans certains cas, le courage de porter plainte vient plus tard, une fois l’urgence de la sécurité passée.
Ce n’est qu’à ce moment-là qu’un travail sur soi peut réellement commencer, pour sortir de l’emprise. Celle-ci, rappelons-le, reste souvent active même après le départ.
Il faut parfois plusieurs tentatives, plusieurs départs, avant de réussir à se libérer complètement.
Enfin, il devient possible de comprendre ce qui vous a amené ou maintenu dans cette relation et d’amorcer une reconstruction durable.
Ne culpabilisez pas, cela peut arriver à tout le monde malheureusement, le temps de réaction dépend de l’estime de soi et d’un sentiment de culpabilité inconscient sur lequel s‘ancre le mécanisme de la dépendance affective avec le/la violent(e) : l’emprise.
Ces éléments sont souvent le produit de votre histoire personnelle d‘enfant, ils mettent du temps à être conscientisés et il y a un temps nécessaire, des étapes de reconstruction pour les appréhender.
Des associations peuvent vous aider à différents niveaux, contactez-les. La priorité c’est d’abord votre sécurité.
Violences Conjugales Infos :
- Numéro d’appel d’urgence : 17
- Numéro d’écoute, d’information et d’orientation pour les femmes : 3919 (appel gratuit)